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Le Manoir de Barville

En 1507, Guillaume V Picot, seigneur de Gouberville épouse Jeanne du Fou, fille de Guillaume du Fou, capitaine du château de Cherbourg et seigneur du Mesnil-au-Val. Fille unique, Jeanne hérite de la seigneurie à la mort de son père. Elle-même décède en 1523. Les fief et manoir du Mesnil-au-Val échoient ainsi à la famille Picot.
Guillaume Picot abandonne son nom « Picot » pour celui de Gouberville.


Dans un aveu de foi et hommage rendus au roi le 23 mai 1519, la seigneurie du Mesnil-au-Val est décrite comme « fief de haubert auquel fief a manoir, chapelle et volière a pigeons, domaine en terres labourables et non labourables de 10 acres ou viron ».


En 1544, à la mort de son père, Gilles hérite des seigneuries de Gouberville et du Mesnil-au-Val. Il choisit de passer sa vie au manoir du Mesnil.


A sa mort en 1578, la seigneurie du Mesnil-au-Val est partagée entre sa sour Renée du Moncel (de Saint-Nazer, près de Gréville-Hague) et sa nièce Jacqueline du Parc (des Cresnays, près d’Avranches) : « . Item la moitié de la chapelle et colombier estant devant la porte du manoir .» (Extrait de l’Aveu de 1608 de la moitié du fief du Mesnil-au-Val par Etienne du Parc). Par la suite, le manoir va rester la propriété de la seule famille du Parc jusqu’à la Révolution où il est vendu comme bien d’émigré. C’est à François du Parc, marquis de Barville par mariage, que l’on doit probablement l’appellation toponymique du lieu au XVIIIe siècle.


Détruit par un incendie en 1886, il n’en subsiste aujourd’hui, que la tour et un ensemble de bâtiments remaniés ou reconstruits.

Le manoir dans le Journal

Gilles n’y décrit pas les lieux. Il les situe à travers les événements qui s’y déroulent. Ainsi, par exemple :

– la cuisine : Je trouvé céans Loys Langloys [serviteur de] de Mons. Poton, endormy sur la table de la cuysine, ung espervier sur sa main qu’il avoyt veillé deux nuyctz, comme il disoyt (23 juillet 1551)

– la salle et le cellier : je fys tirer hors, la poultre qui estoyt rompue au cellier de la salle ; il estoyt deux heures de nuyct quand nous heumes achevé (18 juillet 1555)

– sa chambre : je ne bouge de céans ; dès le matin Cantepye fut à Cherebourg . pour une clef au buffet de la garde-robe de ma chambre . XV deniers (13 juin 1552)

– les bâtiments agricoles : je fys charier de l’argile pour fère raccoutrer [réparer] les estables du pignon de la grange (15 mai 1560) .je fys charier deux chartées de fain du clos des Ventes qu’on tassa à la charterye pour ce que la grange et tous les fenilz estoyent plains (29 août 1560).

- La tour, seul vestige intact du manoir

Le dymenche, jour de Pasques Vième, nous fismes nos Pasques en la chapelle ; missire Jehan Freret nous confessa et administra ; je luy donne pour sa vacation . VI sols. (6 avril 1550)

Elle est bâtie en moellons de grès. Les encadrements des baies sont en pierre calcaire de Caen et d’Yvetot-Bocage. La couverture est en schiste avec une lucarne d’envol. Un cadran solaire, intégré à la maçonnerie, est visible sur la paroi sud.
Construite à la fin du XVe siècle ou au début du XVIe siècle, la tour est, au rez-de-chaussée, à usage de chapelle (piscine pour les ablutions du prêtre et vestiges d’un bénitier) et à l’étage, de colombier auquel on accède par un escalier à vis ménagé dans un contrefort. Le colombier est entièrement tapissé de niches à pigeons, en partie dégradées.
La tour est de plan carré à la base, octogonale et circulaire au niveau du couronnement. Les ouvertures sont d’origine.

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Classement de la tour

En raison du caractère unique de sa structure architecturale qui unit chapelle et colombier et de son lien évident avec Gilles de Gouberville, le Ministère de la Culture a décidé de procéder le 16 mars 1976 à l’inscription de la tour de Barville à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques et le 10 février 1987 à son classement en tant que Monument Historique.

Travaux de restauration à la tour

Au temps de Gilles d’importants travaux de sauvegarde y avaient déjà été entrepris : Thomas Drouet et Gratian furent à Yvetot . quérir du carreau [ici, pierre calcaire] pour racouttrer [réparer] les pilliers du coulombier . Gilles Mesge . apporta de la chaux pour . XXIV s.(21 juin 1560).


Depuis 1981 de nombreux travaux ont été effectués : charpente à l’ancienne avec lucarne d’envol, pose d’une toiture en schiste, consolidation des maçonneries intérieures de la chapelle et du colombier, pose de vitraux à la chapelle. Ces travaux ont été financés à 75% par l’Etat et le Département et à 25% par les propriétaires et le Comité Gilles de Gouberville.

Visites

la tour est généralement ouverte au public pendant les Journées du patrimoine (en général, troisième week-end de septembre). Se renseigner sur le site du Ministère de la Culture.

 

Anne Bonnet 

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